L’annonce d’un déficit budgétaire de 5,5 % et les menaces que font peser sur la France les agences de notation semblent autoriser tous les reculs sociaux : baisse des dépenses publiques, jours de carence augmentés en cas d’arrêt maladie, baisse de l’indemnisation du chômage. Alors que ce déficit est provoqué notamment par une baisse des recettes fiscales et des cadeaux de 170 milliards aux entreprises, sans contrôle ni contrepartie, et un refus de réformer le marché de l’électricité qui a coûté, en 2023, 34 milliards d’euros aux finances publiques, la chasse aux pauvres et aux plus fragiles est ouverte.
Le gouvernement envisage ainsi de réduire l’indemnisation du chômage de 18 à 12 mois et d’augmenter la durée de travail nécessaire, actuellement de 6 mois au cours des deux dernières années, pour toucher des indemnités. Le postulat du gouvernement est simple : la baisse des droits va inciter les chômeurs « à se bouger » et cela fera nécessairement augmenter le taux d’emploi. Le problème dans cette affaire, c’est que ce postulat est faux et toutes les dernières réformes qui vont dans ce sens ont montré que diminuer les droits des chômeurs ne crée pas d’emplois supplémentaires.
Au contraire, ceux qui vont être impactés sont les jeunes, les seniors et les cadres amenés à accepter des emplois inférieurs à leurs qualifications et à leurs expériences professionnelles.
Il est donc temps de rompre avec ces vieilles lunes libérales et de considérer que le chômage ne pourra être vraiment combattu qu’à trois conditions :
Accompagner vraiment les chômeurs par la formation, l’orientation, les aides possibles à la mobilité,
Rendre les emplois existants plus attractifs en termes de salaires, de conditions de travail, de parcours professionnels et ainsi répondre aux enjeux de pénurie dans les secteurs de la santé, de l’aide à domicile, mais aussi dans le secteur public, notamment dans les transports où l’on n’arrive plus à recruter, par exemple, des chauffeurs de bus.
Réindustrialiser la France par le développement d’activités nouvelles ou la relocalisation d’emplois sous-traités à l’étranger et en particulier en Chine. Plutôt qu’une politique de classe contre les pauvres, nous avons besoin d’une politique de progrès pour tous, au service du redressement productif du pays, de plus en plus menacé dans sa souveraineté industrielle.
Thierry Rochefort
Secrétaire de Section de Brignais