Devenir enseignant aujourd’hui : cela fait-il encore rêver nos jeunes ?

Elles et ils sont près de 900.000 à enseigner aujourd’hui ; 892.300 exercent leurs fonctions au sein du Ministère de l’Éducation Nationale – 45% dans le 1er degré, 55% dans le second degré, la majorité (84%) dans le secteur public, le secteur privé sous contrat employant 142.000 enseignants dont les 2/3 dans le second degré -. 

La population pédagogue est majoritairement féminine (71%) ; la répartition des enseignants sur le territoire est inégale, le plus souvent en fonction de l’âge des personnes !

Les enseignants seraient globalement satisfaits de leur environnement de travail, mais se plaignent de plus en plus d’être peu valorisés (faible niveau de prestige de leur métier) et regrettent de ne pas pouvoir influer sur les politiques éducatives mises en place, soulignent à quel point le mode d’affectation peut s’avérer « désincitatif » et être un véritable frein à l’attractivité du métier. Leur faible rémunération est aussi un motif de mécontentement et donc selon eux, un autre frein pour susciter de nouvelles vocations.

Au fil des années, de plus en plus de professeurs se plaignent de travailler dans un climat de stress – certains n’hésitent pas à parler de « pandémie de stress », se disant vidés émotionnellement par leur travail. Un lien fort est maintenant d’évidence établi, particulièrement dans les quartiers sensibles entre les difficultés de vie des élèves et le niveau élevé de tension des enseignants. En effet le décrochage scolaire génère des comportements de perturbation en classe qui, depuis maintenant de nombreuses années, s’accompagne de fortes remises en question de certains programmes d’enseignement comme en Histoire ou Sciences et Vie de la Terre, pouvant conduire à l’extrême jusqu’à des drames comme ceux qui se sont déroulés au cours de ces dernières années.

Alors s’appuyant sur un bilan qui prend en compte le fait d’être tenus pour responsables de la non-réussite de certains élèves, la nécessité de devoir adapter sans cesse leurs préparations de cours à de plus en plus de disparité concernant le niveau des élèves, avec de plus en plus de jeunes ayant des besoins particuliers, spécifiques (dys. en tous genres), ce métier dévalorisé, mal rémunéré, n’est plus celui qui dans les années dites « des trente glorieuses », faisait figure de parfait ascenseur social.

Malgré cela,  Macron et son gouvernement ne prenant pas la véritable mesure de l’urgence à agir, n’enclenchent pas le vaste chantier de refonte nécessaire de tout le système éducatif en remettant en place une formation très aboutie (initiale et continue) sur le plan pédagogique de nos futurs enseignants, en revalorisant financièrement et socialement leur fonction, en réaffirmant nettement le soutien de la nation aux conditions d’exercice de leurs métiers, en réaffirmant sans cesse la nécessité de respecter les règles liées à la laïcité.

Faute de tout cela, peut-on encore s’étonner que le métier d’enseignant ne fasse plus rêver ?

Rappeler peut-être qu’un enseignant est Bac + 5, des études aussi longues qu’un ingénieur mais pas un salaire équivalent et qu’aux 18h de cours s’ajoutent des projets, des réunions, des suivis, des préparations et corrections, qui nous amènent loin des 18h toujours brandis !

Jean-Paul Vézant
Militant à Mions