Même si on peut se réjouir que le PS retrouve des couleurs dans les sondages, en n’omettant pas de prendre en compte le « plan média » autour de sa tête de liste Raphaël Gluksmann, l’extrême droite se situe malheureusement à un niveau historique record (36 à 37 % en additionnant le RN et Reconquête). Quant à la France insoumise, elle paye manifestement le prix des prises de position de Mélenchon sur la politique internationale et intérieure.
Toutefois, le PS ne pourra pas se glorifier d’être le meilleur des perdants d’une gauche éparpillée. L’union à gauche devra être remise à l’ordre du jour après les européennes. C’est le seul moyen de rivaliser avec le RN et Renaissance. Un rapprochement avec le centre trahirait de plus les orientations votées en 2023 dans le cadre du Congrès de Marseille, lesquelles ont majoritairement entériné l’union à gauche (seul le TO 1 y était opposé).
La gauche s’est certes beaucoup divisée durant la campagne, notamment sur l’international. Ça n’est ni la première ni la dernière fois dans l’histoire. Il y a quelques jours, Mélenchon déclarait : « Ces élections sont le premier tour de la présidentielle de 2027 ». C’est heureux de voir qu’il n’a pas enterré toute velléité d’union, même s’il n’est pas certain qu’il tienne encore ce discours au soir du 9 juin…. Quoi qu’il en soit, si le PS devance les autres formations de gauche et des écologistes, il sera alors dans une position plus favorable qu’en 2022 pour négocier l’union avec ses partenaires.
Chaque formation de l’ex NUPES devra donc prendre ses responsabilités et considérer à l’avenir les éléments suivants comme incontournables.
Renaissance en la personne de sa candidate, Valérie HAYER, a déjà lancé quelques appels du pied au PS. Mais comment ne pas voir la brutalité sociale de la réforme de l’assurance-chômage annoncée par ATTAL ? Macron n’a aucune envie d’infléchir sa politique, il espère seulement récupérer des voix perdues au centre gauche. Le macronisme c’est le triangle des Bermudes : s’y rendre, c’est disparaître. A bon entendeur, y compris dans nos rangs.
Sur la question internationale, pour ne prendre que l’Ukraine, LFI et d’autres doivent entendre que réarmer et livrer des armes à l’Ukraine n’est pas mener une guerre offensive à la Russie, c’est répondre aux besoins défensifs d’une nation frontalière à l’Europe, envahie et martyrisée par un tyran.
L’électorat de gauche est très majoritairement unitaire. Ne pas répondre à cette aspiration serait le mépriser une fois de plus ; il ne nous le pardonnerait pas. Si on ne bâtit pas demain un projet commun qui soit une alternative crédible au libéralisme ambiant, le RN endossera ce rôle dans l’opinion une fois de plus ; et peut-être une fois de trop… S’il est des murs à abattre, les militants doivent faire entendre leur voix lorsque les états-majors veulent inculquer une stratégie figée ne conduisant qu’à une défaite supplémentaire.
Michel Noir
Militant de Lyon 3